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La Banque du Canada abaisse à son tour ses taux d’intérêt

06 mar. 2020

La Banque du Canada a emboîté le pas à la Réserve fédérale américaine (Fed), mercredi, en abaissant à son tour ses taux d’intérêt d’un demi-point de pourcentage en réaction au « choc négatif substantiel » infligé par le COVID-19.


La diminution du taux directeur de la banque centrale canadienne de 1,75 % à 1,25 % est le premier changement apporté au loyer de l’argent depuis une hausse de 0,25 point de pourcentage en octobre 2018, sa première réduction depuis 2015 et la première baisse d’une telle ampleur depuis mars 2009, alors que le monde était aux prises avec sa pire crise financière de l’après-guerre.


« Bien que l’économie canadienne tourne près de son potentiel et que l’inflation soit à la cible, le [...] COVID-19 constitue un choc négatif substantiel pour les perspectives canadiennes et mondiales, et les autorités monétaires et budgétaires réagissent », a expliqué la Banque du Canada dans le communiqué accompagnant son annonce.


« Avant l’éclosion de la maladie, l’économie mondiale montrait des signes de stabilisation », a-t-elle rappelé, ce qui n’a pas empêché l’économie canadienne d’accuser une baisse de régime à la fin de l’année dernière.


« Il devient maintenant évident que le premier trimestre de 2020 sera plus faible que ce que la Banque attendait », admet-elle maintenant en raison de l’impact du nouveau coronavirus sur l’économie mondiale et par le fait même sur les prix des produits de base exportés par le Canada, mais en raison aussi de facteurs internes, comme « les barrages de voies ferrées, les grèves des enseignants en Ontario et les tempêtes hivernales dans certaines régions ».


« Il est probable que la confiance des entreprises et des consommateurs se détériorera à mesure que le virus se propage, ce qui déprimera davantage l’activité », prévient la Banque du Canada. Aussi, cet assouplissement de la politique monétaire n’est peut-être pas le dernier et on se tient « prêt à ajuster de nouveau la politique monétaire au besoin pour soutenir la croissance économique ».


L’exemple de la Fed


L’annonce arrive au lendemain d’un appel des pays du G7 à une action coordonnée des banques centrales et des gouvernements. Elle suit surtout l’annonce-surprise de la Fed mardi, deux semaines avant la date prévue de sa prochaine réunion de politique monétaire, d’une réduction de 0,5 point de pourcentage de son taux directeur à 1 % et 1,25 %.


Les marchés boursiers avaient alors plutôt mal réagi — avec un recul de 2,8 % à Wall Street —, y voyant, apparemment, la confirmation que le pire de l’impact économique du COVID-19 était à venir. Ils se sont montrés de meilleure humeur mercredi, l’indice de référence à New York, le S & P 500, gagnant 4,2 %, en raison notamment des succès remportés la veille par Joe Biden sur son rival à la course à l’investiture démocrate aux prochaines élections présidentielles américaines, le socialiste autoproclamé Bernie Sanders. À la Bourse de Toronto, l’indice S & P / TSX a aussi bien fait en augmentant de 2,2 %, alors que le dollar canadien reculait à 74,67 ¢US (–0,16 ¢).


Contrairement à un grand nombre de banques centrales, la Banque du Canada s’était gardée depuis des mois de réduire ses taux d’intérêt, de peur, notamment, d’aggraver la flambée des prix immobiliers et l’endettement des ménages. Sa décision de mercredi n’a pas tardé à produire son effet sur les institutions financières, la Banque Royale annonçant peu de temps après la réduction de son propre taux d’intérêt préférentiel de 0,5 point de pourcentage.


« La Banque fait un gros choix ici en décidant que les risques d’un ralentissement causé par le virus sont plus grands que ceux d’une flambée du marché résidentiel », a commenté l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, qui doute que la baisse des taux d’intérêt de mercredi sera la dernière et évoque la possibilité de deux autres diminutions de 0,25 point de pourcentage chacune.


Comme on estime qu’il faut de 12 à 18 mois avant qu’une baisse du taux directeur produise véritablement son effet, il est peu probable que celle de la Banque du Canada change grand-chose à l’impact du COVID-19 les prochaines semaines, a observé pour sa part Benoit P. Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. « Visiblement, les principaux objectifs de la décision [de mercredi] sont de rassurer les marchés financiers et de limiter la baisse anticipée de la confiance des entreprises et des consommateurs. »



Place aux gouvernements


Tout le monde écoutera avec attention, jeudi, un discours que doit présenter le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, et durant lequel il devrait expliquer plus en détail sa décision.


On se promet aussi de ne pas manquer un autre discours, vendredi matin, mais cette fois du ministre des Finances, Bill Morneau. En effet, « les efforts du Canada pour combattre le virus comprendront maintenant vraisemblablement d’importantes mesures de stimulation budgétaires fédérales », ont fait valoir les économistes de la Banque Nationale dans une analyse.


L’appel à des mesures de relance économique coordonnée de la part des gouvernements est même venu du Fonds monétaire international (FMI) mercredi. « En un temps d’incertitude, il vaut mieux en faire plus que de ne pas en faire assez », a affirmé sa directrice générale, Kristalina Georgieva, en conférence de presse.

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Matthieu Le Moeligou et Valérie Léger

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